LA MOBILITE PROFESSIONNELLE, ENTRE RÊVE ET REALITE.
« Rien n’est permanent, sauf le changement ».
Cette phrase prononcée il y a plus de 2000 ans par un philosophe grec, Héraclite d’Ephèse, aurait très bien pu l’être pour décrire le monde du travail actuel.
Mutations technologiques, évolution des organisations du travail ou encore modification structurelle des emplois (nature et forme), autant de transformations dont on entend parler presque quotidiennement.
Le monde du travail change, les salariés qui le composent également !
Et l’un des changements le plus notable est, selon moi, la fin du modèle du métier unique, poste unique, entreprise unique …
Il est loin le temps où un salarié occupait le même poste dans la même entreprise tout au long de sa carrière ! L’heure est à la mobilité professionnelle sous toutes ses formes.
Cependant, cette mobilité professionnelle, même si elle est rêvée par beaucoup, se heurte parfois à la réalité, celle d’une étape, d’un moment de vie pas toujours simple à concrétiser ou à gérer, parfois synonyme d’incompréhensions, de frustrations ou de déceptions.
La mobilité professionnelle, une aspiration de plus en plus répandue.
A l’heure où la quête de sens, le rejet de la routine, le souhait d’aller voir ce qui se fait ailleurs ou encore l’envie de se développer sont omniprésents parmi les salariés, la mobilité est devenue l’une des priorités dans leur carrière professionnelle.
Et, même si les attentes des nouvelles générations viennent s’y greffer, il n’en reste pas moins que ce constat est l’affaire de tous.
Toutes les études réalisées ces dernières années tendent à le démontrer.
Selon un sondage IFOP de mars 2018 sur « les Français et la mobilité professionnelle », au moins 95% des personnes interrogées ont connu un changement de métier au cours de leur carrière. Parmi elles, 43% ont déjà eu 1 à 2 métiers différents, 36% 3 à 4 métiers.
Au cours des 5 dernières années, 43% ont vécu une mobilité soit interne (16%), soit externe (12%), soit géographique (15%) dans le cadre de leur activité professionnelle, ce chiffre est de 39% sur la catégorie des 18-24 ans.
Et 40% envisagent une mobilité dans les 2 prochaines années : interne (13%) , externe (14%) ou géographique (13%), ce chiffre passe à 46% sur la catégorie des 18-24 ans.
Selon un autre sondage IFOP de janvier 2023 sur « la mobilité souhaitée vs la mobilité bloquée : le regard des salariés », 52% aspirent à une mobilité professionnelle, soit pour démissionner, soit pour changer de métier.
Ce souhait est prépondérant chez les jeunes (60% ont moins de 35 ans), souvent plus habitués à bouger depuis le début de leurs études (écoles, alternances, etc.) et ayant plus de facilités à le faire du fait de contraintes familiales moins élevées.
La mobilité professionnelle séduit toutes les catégories de salariés.
Vous l’avez compris, la mobilité professionnelle est devenue la règle !
Mais qui dit mobilité professionnelle, ne dit pas forcément changement d’entreprise.
Selon le même sondage IFOP de janvier 2023, la fidélité dans le temps à une entreprise demeure la norme puisqu’en moyenne les salariés restent 13.3 ans chez le même employeur. Et il est intéressant d’observer que cette durée moyenne s’accroit selon la taille de l’entreprise : 10.2 ans dans les petites entreprises contre 16.6 ans dans les entreprises de plus de 1000 salariés.
Dans les plus grandes entreprises, les salariés demeurent mobiles mais cette mobilité est souvent interne à l’entité qui les emploie, on parle alors de mobilité interne.
La mobilité professionnelle, une réalité aux formes diverses.
Mobilité interne, mobilité géographique, mobilité horizontale, etc., les termes utilisés pour parler de la mobilité professionnelle sont nombreux et ne sont d’ailleurs pas toujours employés à bon escient.
La mobilité professionnelle, c’est quoi ?
La mobilité professionnelle peut se définir comme une évolution professionnelle entrainant un changement de poste, de métier, de secteur d’activité et/ou encore de lieu géographique au cours de la carrière, cette évolution pouvant être volontaire ou subie.
On le voit, la mobilité professionnelle revêt des formes variées.
Pour bien comprendre de quoi on parle, un petit tour d’horizon s’impose :
- Elle peut être EXTERNE si le changement professionnel a lieu chez un autre employeur ou INTERNE si le salarié évolue au sein de la même entreprise ou du même groupe ;
- Elle peut être HORIZONTALE lorsque le changement de poste s’effectue sans modification du niveau hiérarchique ou VERTICALE lorsqu’elle entraine, au contraire, une évolution au niveau hiérarchique (prise de nouvelles responsabilités) ;
- La mobilité peut être GEOGRAPHIQUE lorsqu’elle s’accompagne d’un changement de secteur géographique (ville, région ou même de pays) ;
- Elle peut être PERMANENTE ou seulement TEMPORAIRE et permet de répondre dans ce cas, par exemple, à un accroissement ou à une diminution d’activité de l’entreprise, à une activité saisonnière, au remplacement d’un salarié absent, etc.
- Elle peut être VOLONTAIRE (initiée par le collaborateur) ou SUBIE (imposée au collaborateur).
Quel que soit sa forme, la mobilité professionnelle constitue un moment clé capital pour le collaborateur arrivant sur son nouveau poste de travail, le cas échéant, dans un nouvel environnement professionnel et personnel. C’est un moment clé également pour l’employeur accueillant le collaborateur que ce soit en interne ou à l’externe puisque de la transformation de cet essai (pour faire un parallèle avec la scène rugbystique) va découler sa capacité à engager ses salariés, les fidéliser, etc. et ainsi à assurer la pérennité de son entreprise.
La mobilité professionnelle à la portée de tous ?
On l’a vu, selon un sondage IFOP de janvier 2023, 52% des salariés veulent du changement … mais la réalité est que beaucoup n’osent pas !
Ces envies de mobilité professionnelle existent mais peu se concrétisent : parmi les personnes interrogées, 7% ont effectivement démissionné et 9% ont changé de métier.
71% d’entre eux estiment que changer de métier est difficile que ce soit chez le même employeur (60%) ou chez un autre (52%).
Selon le sondage IFOP de mars 2018 cité plus haut, la mobilité professionnelle représente : un risque pour 45% des personnes interrogées, une opportunité pour 35% d’entre elles et une nécessité pour 25%.
51% des salariés ayant réussi à concrétiser une mobilité estiment qu’ils ont rencontré des difficultés (beaucoup de difficultés pour 14%, un peu pour 37%).
En revanche, 62% d’entre eux estiment que cette mobilité professionnelle a eu principalement des conséquences positives.
Même si cette mobilité professionnelle est devenue commune et même si beaucoup de collaborateurs l’espèrent, la souhaitent, il n’en reste pas moins qu’il existe encore de nombreux freins à la réalisation de ce rêve. Elle est souvent crainte, perçue comme une étape difficile et non sans danger. Une sorte de grand saut dans l’inconnu … Et, si l’accompagnement proposé par l’employeur est inexistant ou insuffisamment adapté ou communiqué, alors il est certain que cela rendra les choses encore plus difficiles ou même inaccessibles.
Conclusion
Le constat est relativement clair : de plus en plus de salariés aspirent à bouger, prendre un nouveau poste, évoluer en responsabilités ou en transversal. Ce souhait de mobilité peut se concrétiser de façon variée : en changeant de poste ou même de métier au sein de la même entreprise, en changeant d’employeur, en partant travailler dans une autre ville, région ou même dans un autre pays, etc.
Mais, en pratique, les choses ne sont pas si simples et la mobilité professionnelle peut parfois apparaitre comme le parcours du combattant !
Mais que se passe-t-il donc ?
Je pense qu’on peut s’accorder pour dire qu’une mobilité, qu’elle soit interne ou externe, avec changement géographique ou pas, etc. constitue une étape importante dans la vie d’un salarié, ce n’est donc pas une décision qu’on prend à la légère.
Il existe un autre élément important qui, selon moi, ne peut être remis en cause : la mobilité professionnelle présente des avantages indéniables à la fois pour les collaborateurs en quête d’épanouissement et de développement mais également pour l’entreprise souhaitant attirer, fidéliser et retenir les talents, capitaliser sur les compétences ou encore économiser en temps/argent dans ses recrutements.
Nous pouvons donc nous poser les questions suivantes : qu’est-il mis en place en interne pour accompagner cette mobilité souhaitée ? Comment cette « politique de mobilité », lorsqu’elle existe est-elle communiquée aux salariés ? Comment ces derniers sont-ils soutenus et accompagnés dans leur démarche ? Lorsque le changement de poste et/ou d’entreprise implique un changement géographique, comment est-ce que cette mobilité est facilitée par l’employeur (mobilité interne) ou le futur employeur (recrutement externe) ? Etc.
Bien des questions auxquelles il faudra répondre pour faire en sorte que le rêve de mobilité professionnelle des salariés devienne réalité.
Et vous, dirigeants/RH, qu’en pensez-vous ? Quelles problématiques rencontrez-vous sur cette thématique de la mobilité professionnelle ? Quelles sont vos pratiques s’agissant de la mobilité interne ? Prévoyez-vous un accompagnement dans le cadre d’un recrutement externe ?